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Les intoxications par le mercure étudiées par Giovanni Antonio Scopoli (1723-1788)

Mots clés : Scopoli, mercure, cinabre, toxicité, Macquer, dictionnaire de chimie
Portrait de G. Scopoli, gravure sur cuivre

Giovanni Antonio Scopoli s’installe comme médecin et enseignant en chimie métallurgique à Idria en Carniole (Idrija en Slovénie de nos jours) en 1755. C’est la seconde plus grande mine de mercure du monde après celle d’Almaden en Espagne. Cette mine a été exploitée depuis le XVe siècle et jusqu’en 1994.

Giovanni Antonio Scopoli est né le 13 juin 1723, à Cavalese près de Trente dans le Tyrol. Il commence ses études à Trente avant d’aller étudier la médecine à Innsbruck et d’obtenir le diplôme en 1743. Il revient à Cavalese puis se rend à Trente où il exerce la médecine.

Il accompagne le prince-évêque de Trente Leopold-Ernst von Firmian (1708-1783) à Graz puis à Vienne en 1753. Il obtient le diplôme de médecine universelle lui permettant d’exercer la médecine n’importe où dans le Saint-Empire romain germanique, c’est pourquoi il part en Carniole.

Dans cette mine, le mercure est sous forme liquide et sous la forme de sulfure de mercure ou cinabre. Comme Giovanni Antonio Scopoli est médecin, il mène un travail important sur les maladies auxquelles sont exposés les mineurs. Il développe dans un ouvrage paru en 1761 De Hydrargyro Idriensi, une étude sur le mercure, sur le cinabre et sur les symptômes de l’intoxication mercurielle basés sur ses observations.

Couverture De Hydrargyro Idriensi, G. Scopoli, 1761
De hydrargyro Idriensi tentamina physico-chymico-medica. I. De minera hydrargyri. II. De vitriolo Idriensi. III. De morbis fossorum hydrargyri, Giovanni Antonio Scopoli (1761). Source : Wellcome Collection. Licence : Public Domain Mark

Les vapeurs de mercure sont d’une grande toxicité et sont un polluant très dangereux pour la santé. Giovanni Antonio Scopoli constate l’interaction entre le mercure et l’alcool et l’aggravation du mercurialisme, on utilise aussi le terme hydrargyrie. Plus la concentration des vapeurs de mercure est élevée, plus les atteintes pulmonaires deviennent graves. Le sommeil et l’humeur sont perturbés par le mercure. Les observations faites par Scopoli sont encore pertinentes de nos jours et demeurent une référence en toxicologie.

Giovanni Antonio Scopoli obtient le poste de professeur de minéralogie et de métallurgie à l’Académie des mines de Chemnitz (Banská Štiavnica en Slovaquie de nos jours) en 1769. A Chemnitz, on extrait des métaux principalement l’argent et l’or depuis le Moyen Âge, c’est la plus ancienne ville minière de Slovaquie. En 1735, une école des mines est créée et en 1762, elle devient Académie des Mines grâce à l’Impératrice Marie-Thérèse, c’est la première école des mines en Europe.

Enfin, en 1777, Giovanni Antonio Scopoli occupe la chaire d’histoire naturelle à Pavie, il enseigne la chimie et la botanique. Il crée un jardin botanique, un laboratoire de chimie et de minéralogie et c’est là qu’il terminera sa carrière.

Couverture Dictionnaire de chimie de Pierre Joseph Macquer (1718-1784) traduction en itialien de G. Scopoli
Dizionario di chimica / del Sig. Pietro Giuseppe Macquer ; Tradotto del francese, e corredato di note, e di nuovi articoli da Giovanni Antonio Scopoli. Source : Wellcome Collection. Licence : Public Domain Mark

Il traduit en italien le Dictionnaire de chimie de Pierre Joseph Macquer (1718-1784). Ce dictionnaire est le premier à reprendre les notions de la chimie par ordre alphabétique. Macquer a été professeur de chimie et de pharmacie au Jardin des plantes de Paris, membre de l’Académie des sciences. Il a introduit la fabrication de la porcelaine de Saxe à la manufacture de Sèvres en 1768.

L’utilisation du microscope devient d’un usage courant et c’est à cause d’une utilisation trop intense de cet instrument que Scopoli utilise pour la botanique et la cristallographie qu’il perd l’usage de l’œil droit en 1787. Il meurt le 8 mai 1788 à Pavie d’un accident vasculaire cérébral.

Scopoli s’est aussi intéressé à la flore et à l’entomologie. Il a écrit de nombreux ouvrages, il possédait aussi un cabinet de curiosités.

Des plantes du genre Scopolia, nommées à partir de son nom, contiennent un alcaloïde, la scopolamine. Cet alcaloïde a des propriétés thérapeutiques ou toxiques. La scopolamine est utilisée contre la maladie de Parkinson. Elle peut provoquer des hallucinations, des pertes de conscience et, à fortes doses, elle peut-être mortelle.

De nos jours, les intoxications par le mercure touchent les fonctions rénales, cérébrales ainsi que le système endocrinien.

 

Pour en savoir plus

Pages consultées le 15/06/2025

 

Crédit illustration : Portrait de G. Scopoli, gravure sur cuivre de Jan Kleinhardt et Johann Balzer, musée national de Slovénie, domaine Public, Wikimedia Commons.

Auteur(s) : Catherine Marchal
Niveau de lecture : pour tous
Nature de la ressource : article