On se souvient d’Humphry Davy (1778-1829), chimiste londonien concurrent de Gay-Lussac (1778-1850) et Thenard (1777-1856), pour sa découverte du potassium et du sodium par électrolyse, celle des propriétés physiologiques du protoxyde d’azote (N2O) et son invention de la lampe de sureté des mineurs. Il fut un grand théoricien et reconnut l’hydrogène comme principe d’acidité. Nicolas Vauquelin (1763-1829), chimiste français, analyste de génie, découvert par Antoine de Fourcroy (1755-1809), entre autres travaux et découvertes a isolé la glucine (oxyde de béryllium) et le chrome.
Davy et Vauquelin avaient commencé leur vie professionnelle par un emploi de garçon chez un apothicaire (pharmacien). Avec eux la chimie devint un métier. Au talent oratoire de Davy s’opposait la timidité de Vauquelin.
Davy désirait visiter le continent européen depuis longtemps. C’est ainsi qu’à l’automne 1813 s’étant embarqué avec son préparateur, Faraday, il rendit visite aux chimistes parisiens dont il a laissé de pittoresques portraits biographiques.
Davy était fils de fermiers, les parents de Vauquelin étaient ouvriers agricoles. Davy venait d’épouser une riche veuve, mais Vauquelin, lui, ne vivait que pour son art. En 1783 il était pensionnaire chez Fourcroy dont la sœur aînée tenait la maison.
En 1786, les deux sœurs veuves de Fourcroy, qui ont ouvert « une boutique de parfumerie et de jouets », le recueillent chez elles et le soignent : « Acceptez ; si quelque jour vous réussissez, vous nous rendrez ces légères avances ». Après la mort de Fourcroy (1809), Vauquelin, qui n’était pas un ingrat, prit à son tour chez lui les vieilles dames.
En 1813 il a réussi, il est professeur au Muséum d’histoire naturelle, à la Faculté de médecine, à l’École des mines, premier directeur de l’École de pharmacie, membre de l’Institut.
Voici ce que Davy écrit de la visite qu’il fit à Vauquelin. Il « était, dit-il, au déclin de sa vie (il avait 50 ans, Davy trente-cinq) […]. Il vivait au Jardin du Roi. On ne saurait imaginer rien de plus singulier que sa vie et son intérieur. Deux vieilles filles, mesdemoiselles Fourcroy, sœurs du professeur de ce nom, tenaient sa maison. Je me rappelle qu’en y entrant pour la première fois, je fus introduit dans une sorte de chambre à coucher, qui servait en même temps de salon. L’une de ces demoiselles était au lit et occupée à nettoyer des truffes (pommes de terre) pour le déjeuner. Vauquelin tenait absolument à me régaler, malgré mes efforts pour décliner son invitation. Rien de plus extraordinaire que la simplicité de sa conversation. Il n’avait pas le moindre sentiment des convenances : il parlait de choses qui, depuis le temps du paradis terrestre, n’avaient jamais fait, entre hommes, l’objet d’une conversation devant des personnes de l’autre sexe ». Après Davy, plusieurs de ses biographes ont souligné « la simplicité et la naïveté de son langage ».
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Portrait de Sir Humphry Davy (source Wikimedia) | Portrait de Vauquelin situé dans la Salle des actes de la Faculté de pharmacie, 4 avenue de l'Observatoire à Paris (Source : www.acadpharm.org) |
Pour en savoir plus
- VAUQUELIN Nicolas Louis (1763-1829), sur le site EUROMIN Project
- Les « souvenirs d'un oisif » par Emmanuel Grison, Bulletin de la SABIX n°20 (1999)
Le principe actif du remède, la quinine, a été extraite des écorces du quinquina jaune en juin 1820 par deux pharmaciens-chimistes français, Pelletier et Caventou. Cette découverte, très importante à l’époque, est toujours d’actualité en 2020, où nous célèbrerons son bicentenaire. La quinine reste un médicament majeur pour le traitement du paludisme, qui est toujours, avec 219 millions de personnes malades et 435 000 décès en 2017, la parasitose la plus importante. De plus elle concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans.
Le remède a été introduit en Europe dès le début du XVIIe siècle, mais il a fait l’objet de multiples discussions et controverses sur la façon de le préparer et de l’utiliser. C’est une éternelle histoire qui n’est pas sans rappeler l’actualité de 2020.
Il y a maintenant plus de cinq siècles que Christophe Colomb et les conquistadors ont introduit le paludisme dans le Nouveau Monde, les Amériques. Mais le Pérou avait le remède, une substance issue de l’écorce de quinquina utilisée par les amérindiens comme tonique et pour lutter contre des fièvres. Les débuts de cette histoire ont fait l’objet de nombreux récits ou légendes contradictoires.
L’enveloppe de verre des nouveaux bâtiments représente une véritable peau entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment qui assure de nombreuses fonctions. Au-delà du design, cette peau s’est complexifiée pour devenir un objet à fort contenu technique. En effet, elle doit permettre au bâtiment de se protéger de l’environnement extérieur et du bruit, de s’adapter au climat et de réguler les apports solaires à l’origine d’une utilisation excessive de la climatisation. Pour se protéger des apports solaires, l’enveloppe du bâtiment est généralement équipée de stores mécaniques qui occultent le passage de la lumière et de la chaleur.
Dans les années 2000, Saint-Gobain a initié une nouvelle approche qui consiste à doser de manière intelligente la quantité de lumière et de chaleur nécessaire au fonctionnement optimum des bâtiments en développant du vitrage électrochrome SageGlass à teinte dynamique.
Le revêtement électrochrome est appliqué sur du verre par pulvérisation cathodique. Il est constitué d’un empilement de plusieurs couches céramiques. Celles-ci sont polarisées par une faible tension (maximum 3V) qui permet de teinter le revêtement en provoquant la diffusion des ions lithium et des électrons, d’une couche électrochrome à une autre. Lorsque la polarisation est inversée, les ions et électrons migrent vers leurs couches d’origine et le verre redevient clair. La teinte de ces vitrages peut être pilotée par le système d’automatisation du bâtiment, par des interrupteurs ou par une application.
Vidéo de la conférence (durée 31:57)
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Source : Colloque Chimie et lumière, 26 février 2020, Fondation de la Maison de la chimie
Après plus d’un siècle de combustion des énergies fossiles, il est temps de trouver d’autres sources d’énergie et d’autres sources de carbone pour alimenter les sociétés de demain. Quoi de mieux que d’étudier, comprendre et mimer le vivant, notamment dans sa capacité à réaliser des photosynthèses ?
Les organismes photosynthétiques, plantes ou microalgues, réussissent ce formidable exploit, sur notre planète et à tout instant, de convertir le dioxyde de carbone, en présence d’eau et en utilisant l’énergie solaire, en molécules carbonées riches en énergie, toute la biomasse qui nous entoure. Les chimistes se sont déjà lancés dans cette formidable aventure de la « photosynthèse artificielle » : synthétiser des carburants en « mélangeant » soleil, eau et CO2. Des résultats récents, en particulier du laboratoire, sont présentés pour illustrer les potentialités de cette stratégie.
Vidéo de la conférence (durée 51:24)
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Source : Colloque Chimie et lumière, 26 février 2020, Fondation de la Maison de la chimie
La société OliKrom créée en octobre 2014 est l’exemple d’une deeptech, initiée à partir de recherche fondamentale (Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux, CNRS/Univ. Bordeaux) dans le domaine de la commutation moléculaire. L’un des enjeux est de concevoir et fabriquer des édifices moléculaires susceptibles de commuter sous l’influence d’un apport d’énergie, de l’échelle du laboratoire à la production industrielle. À cet égard, l’article présente différents exemples.
L’un d’entre eux est le cas des matériaux à transition de spin du fer(II) susceptibles de changer d'état de spin réversiblement, sans aucune fatigabilité, sous l'action de la température, d'une irradiation lumineuse, d’un champ magnétique, d’une pression… Un autre est le développement de la peinture routière LuminoKrom® luminescente (www.luminokrom.com) utilisée aujourd’hui pour renforcer la sécurité des zones accidentogènes et accroitre la visibilité des zones insuffisamment éclairées.
Vidéo de la conférence (durée 25:07)
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Source : Colloque Chimie et lumière, 26 février 2020, Fondation de la Maison de la chimie
En astronomie, la quasi-totalité de l’information provient de la lumière et en particulier de la possibilité de décomposer celle-ci par le biais de la spectroscopie qui permet de remonter à la composition chimique des « objets » observés. L’infrarouge et les ondes radio, par exemple, donnent accès à la composition moléculaire des nuages interstellaires d’où se forment les étoiles et les planètes. De plus, la lumière joue un rôle capital dans la chimie de la Galaxie et particulièrement dans la chimie des origines de la vie.
Cet article s’intéresse aux molécules observées dans le milieu interstellaire, molécules qui sont à l’origine de la matière organique présentes dans le système solaire primitif et retrouvées dans les météorites à la surface de notre planète. La formation et l’observation précise de glaces « sales » interstellaires va mener, par le biais de leur photochimie étudiée en laboratoire, à la formation de molécules organiques complexes dont certaines comme les acides aminés, les sucres et les bases nucléiques sont considérées comme de potentielles briques du vivant. De même, des expériences de laboratoire, réalisées sur le synchrotron SOLEIL en lumière polarisée circulairement, mènent à la formation de molécules chirales présentant des excès énantiomériques, en particulier sur les acides aminés, excès que l’on retrouve effectivement dans ces mêmes météorites, permettant ainsi de valider une partie d’un scenario astrophysique plausible menant à la possibilité d’émergence de la vie sur des planètes de type tellurique, dans le cadre d’une chimie prébiotique qui reste cependant largement à définir.
Vidéo de la conférence (durée 42:14)
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Source : Colloque Chimie et lumière, 26 février 2020, Fondation de la Maison de la chimie
L’alternance du jour et de la nuit est un facteur environnemental majeur qui a influencé en profondeur l’évolution de la vie sur la Terre. Ainsi les organismes vivants ont développé des systèmes de mesure du temps, les horloges circadiennes (circa = proche ; diem = jour) leur permettant d’anticiper et de s’adapter aux changements environnementaux journaliers. Grâce à ces horloges, les fonctions physiologiques (par exemple : métabolisme, division cellulaire) et comportementales (par exemple : alternance veille/sommeil, prise alimentaire) sont réparties de manière optimale le long du cycle lumière/obscurité, ce qui favorise la survie.
Cet article présente les modifications biochimiques qui ont lieux aux différentes étapes de ces processus d’adaptation du vivant au cycle lumière/obscurité. Il abordera la question de leurs dérèglements, des problèmes de santé associes, ainsi que les principes de la luminothérapie.
Vidéo de la conférence (durée 40:41)
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Source : Colloque Chimie et lumière, 26 février 2020, Fondation de la Maison de la chimie
Depuis près de 60 ans d'existence, le LASER, tout d'abord à l'état d’expérience de laboratoire, est devenu progressivement industriel, en raison notamment de sa fiabilité et des puissances et fluences disponibles.
Après de multiples applications dites classiques s'effectuant principalement dans le volume des matériaux (découpe, soudage…) sont apparues des applications plus marginales faisant appel à des dynamiques de surface (marquage, écrouissage, texturation…) sur des échelles de temps allant du continu jusqu'à la centaine de femto-secondes. Ainsi, le monde industriel est-il distribué aujourd'hui entre des applications visant une échelle métrique (fabrication additive directe de métaux par LASER) et celles à échelle micrométriques voire nanométriques (fonctionnalisation de surfaces).
Cet exposé présente quelques applications permises par les lasers industriels, en décrivant le principe, la mise en application, et les techniques de mesure, tout en mettant l'accent sur certains aspects chimiques.
Vidéo de la conférence (durée 27:20)
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Source : Colloque Chimie et lumière, 26 février 2020, Fondation de la Maison de la chimie