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De l'analyse des planètes à celle des œuvres d'art. Au Musée d'art et d'histoire de Bayeux, Philippe Walter montre un outil, développé par la NASA et le Laboratoire d'archéologie moléculaire et structurale, qui intéresse beaucoup le conservateur du musée.

Auteur(s) : Réalisation : François Demerliac ; Production : Fondation de la Maison de la Chimie / Virtuel
Source : Clins d'oeil de la Fondation Internationale de la Maison de la Chimie
Mots-clés : rayons X, analyse, détection, peinture

Mediachimie | Qu’est-ce que l’hydrogène « vert » ?

Date de publication : Jeudi 19 Décembre 2019
Rubrique(s) : Question du mois

Il est très fréquent d’entendre parler de pile à hydrogène, de voitures à hydrogène, de véhicule « propre », de mobilité hydrogène, de mobilité verte, d’hydrogène vecteur d’énergie, d’hydrogène gris ou vert…

Mais de quel hydrogène parle-t-on ?

Il s’agit de la molécule de dihydrogène, H2, gaz qui n'existe quasiment pas à l'état naturel sur Terre.

En effet, l’élément hydrogène, de symbole H, est très abondant sur la Terre mais seulement sous forme combinée :

  • soit avec l’oxygène dans la molécule d’eau, H2O,
  • soit avec le carbone dans les hydrocarbures, comme le gaz naturel ou méthane (CH4) ou le pétrole ; ce sont des mélanges de composés de formules générales CnHm
  • ou encore dans les molécules du vivant.

Si l’on dispose de dihydrogène, il est possible de récupérer de l’énergie soit sous forme de chaleur via sa combustion directe avec le dioxygène (1) - c’est le cas des moteurs à hydrogène - , soit sous forme d’électricité via une pile à combustible (2) . Dans les deux cas la réaction globale ne produit que de l’eau selon :

2 H2 + O2 →2 H2O

Ainsi le dihydrogène est un vecteur d’énergie mais pas une source d'énergie car n'existant pas à l'état naturel, il faut préalablement le produire à partir d’eau ou d’hydrocarbures, ce qui nécessite d’abord une dépense d’énergie.

 

L’hydrogène gris ou comment créer du dihydrogène à partir des hydrocarbures

Le réformage (ou reforming) du gaz naturel (3) est actuellement la principale source de dihydrogène. Du méthane et de l’eau sont mis à réagir à haute température (nécessitant donc une consommation d’énergie). La réaction mise en jeu est :

CH4 + H2O = CO + 3H2 suivie de CO + H2O = CO2 + H2

On peut aussi faire le réformage des hydrocarbures liquides (pétrole) ou du charbon (4) .

En plus de la consommation d’hydrocarbures, on notera que pour faire 1 kg d’hydrogène par réformage, on émet de 6 à 10 kg de CO2.

 

L’hydrogène décarboné ou comment créer du dihydrogène par électrolyse de l’eau

L’apport d’énergie électrique via deux électrodes, plongées dans de l’eau en milieu basique (ou de l’eau acidifiée), reliées aux bornes d’un générateur de courant continu, permet la décomposition de l’eau et la création de dihydrogène, selon la réaction :

2 H2O → 2 H2 + O2

 

Dans quel cas cet hydrogène décarboné est-il « vert » ?

Tout dépend de la source d’électricité. Si elle provient d’une centrale à charbon, d’une centrale à fuel lourd ou au gaz, cet hydrogène reste gris ! Si la source d’électricité est elle-même décarbonée et renouvelable, courant électrique provenant de barrages hydrauliques, d’éoliennes ou de panneaux solaires, on parle d’hydrogène vert.

Le grand intérêt de cette électrolyse est de permettre le stockage de l’énergie sous forme de dihydrogène pour ces sources intermittentes d’énergie avant de récupérer ultérieurement l’énergie via sa combustion dans une pile à combustible ou dans un moteur.  C’est en ce sens que l’hydrogène vert participera à la transition énergétique.

Toutefois il faut garder à l’esprit que chacun des rendements de l’électrolyse et de la pile à hydrogène sont inférieurs à 1 et que le stockage consomme aussi de l’énergie (5) .

Françoise Brénon et l'équipe Question du mois

 

(1) La combustion du dihydrogène
Sa combustion en présence d’oxygène génère de l’eau selon 2 H2 + O2 →2 H2O, et s’accompagne d’un très important dégagement de chaleur (143 kJ pour un gramme de H2 soit trois fois plus que l’essence ou le diesel).

Comme c’est un gaz très léger, 11 fois plus léger que l’air, il faut pour l’utiliser, le comprimer très fort ou le liquéfier. C'est ainsi l'un des combustibles liquides les plus utilisés au décollage, dans les étages cryogéniques des lanceurs de fusée. Par exemple, la navette spatiale Ariane 5 emporte jusqu'à 26 tonnes d'hydrogène liquide dans ses réservoirs !

(2) La pile à hydrogène

Schématiquement, la pile présente deux compartiments alimentés par du dihydrogène à l’anode et de l’air à la cathode. Quand la pile débite, la réaction globale est la même réaction que celle de la combustion directe, soit
2 H2 + O2 → 2 H2O. Voir https://www.mediachimie.org/sites/default/files/FR-pile-images.pdf
Ainsi des voitures électriques, munies d’un réservoir à dihydrogène comprimé, peuvent fonctionner avec le courant continu délivré par une pile à hydrogène, le dioxygène provenant en continu de l’air. Ces voitures, lors de leur fonctionnement, émettent seulement de la vapeur d’eau et non plus des oxydes d’azote ni de dioxyde de carbone. C’est ainsi que l’on parle de « véhicule propre ».

(3) Le réformage du méthane nécessite de travailler entre 800 et 900 °C et sous 350 bars, en présence de catalyseur à base d’oxyde de nickel sur des anneaux d’alumine imprégnés par 10 à 16 % en masse de Ni (leur durée de vie est comprise entre 8 et 10 ans).

(4) Les matières premières utilisées, dans le monde, pour produire le dihydrogène, en 2014 sont à 96 % d’origine fossile.

gaz naturel

hydrocarbures liquides

charbon

électrolyse

49%

29%

18%

4%

 

(5) Globalement l’électrolyse de l’eau, le transport et la compression du gaz à 700 bars consomment environ 75 % de l’énergie que l’on aurait pu récupérer lors du fonctionnement de la pile. En effet, pour qu’un véhicule fonctionne avec une pile à hydrogène vert, il a été nécessaire en amont de faire l’électrolyse de l’eau, d’acheminer le dihydrogène à la station et enfin de comprimer fortement le gaz pour qu’il occupe un volume réduit dans la voiture. On admet que l'électrolyse de l'eau a un rendement compris entre 50 et 60 % par rapport à la puissance électrique fournie. Les rendements de l’électrolyse à haute température peuvent monter plus haut (80 à 90 %) mais il faut faire de la vapeur à 300-800 °C. Enfin il faut comprimer le gaz à 700 bars (de l’énergie est donc dépensée par le compresseur) et la température du gaz s’élève (selon la loi pV=nRT), gaz qu’il faudra refroidir après.


 

Mediachimie | Le saccharose : de la betterave au sucre

Date de publication : Lundi 16 Décembre 2019
Rubrique(s) : Zoom sur...

Le sucre est produit à l’échelle mondiale à partir de canne à sucre (70 à 80 %) ou à partir de betterave à sucre. La France est le premier producteur mondial de sucre de betterave : 46 000 personnes travaillent dans cette filière et la production pour 2017/2018 a été de 6,1 Mt de sucre dont 3,35 Mt exportées [1]. C’est une activité saisonnière car la racine de betterave doit être traitée sitôt l’arrachage réalisé.

Lire la suite du Zoom sur le saccharose : de la betterave au sucre

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Mots-clés : absorbance, spectre d’absorption, couleur d’une espèce en solution, loi de Beer-Lambert

Les couleurs sont une perception de notre cerveau des ondes électromagnétiques dans un domaine bien précis de longueurs d’onde. Sur l’exemple de la couleur rouge nous vous proposons de comprendre ce qui peut expliquer la couleur d’une solution, d’établir un modèle et de s’en servir comme outil de mesure.

Première générale - Enseignement de spécialité

Objectif : Comprendre ce qui peut expliquer la couleur d’une solution, son lien avec la concentration d’une espèce colorée et comment s’en servir pour déterminer la quantité d’une espèce colorée dans un échantillon.

Constitution et transformation de la matière
Thème 1 - Suivi de l’évolution d’un système, siège d’une transformation.
Partie A - Détermination de la composition du système initial à l’aide de grandeurs physiques.

Notions et contenus : Absorbance, spectre d’absorption, couleur d’une espèce en solution, loi de Beer-Lambert.

Auteur(s) : Lucien Ransinangue
Source : Dossier pédagogique réalisé par les Éditions Nathan en partenariat avec La Fondation de la Maison de la Chimie et Mediachimie
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Mots-clés : acides et bases, concentration, densité, dilution, électronégativité, mesures et incertitudes, hydrogène labile, dosage direct par titrage, fiches données sécurité, activité expérimentale, identification et dosage par changement de couleur de l’acide contenu dans le vinaigre

Depuis l’Antiquité, les Hommes utilisent le vinaigre pour ses multiples propriétés : conserver, soigner, désinfecter, digérer les substances grasses… En cosmétique, par ses propriétés astringentes, il servait à nettoyer et tonifier la peau…

Aujourd’hui, c’est l’assaisonnement par excellence pour rehausser le goût, aseptiser les huîtres crues par ses propriétés antiseptiques et antifongiques ou pour le plaisir avec quelques échalotes finement hachées ! Adoucissant, il nous sert à détartrer la cafetière ou autres appareils électroménagers, à faire briller l’argent et le chrome, à laver nos vitres et toute verrerie sans laisser de traces…

Première STL

Objectif : Déterminer la composition du vinaigre et étudier sa qualité de détartrant.

Constitution et transformation de la matière
Acides et Bases, pKa, domaines de prédominance
Concentration, densité, dilution
Schéma de Lewis
Électronégativité, liaison covalente polarisée, lien structure / propriétés physiques
Fonction chimique
Concentration, densité, dilution, quantité de matière

Mesures et incertitudes : Sources d’erreur. Expression du résultat. Valeur de référence

Synthèses chimiques et analyses physico-chimiques : Hydrogène labile. Dosage direct par titrage. Fiches données sécurité

Activité expérimentale : Identification et dosage par changement de couleur de l’acide contenu dans le vinaigre

Auteur(s) : Rebecca Guelin
Source : Dossier pédagogique réalisé par les Éditions Nathan en partenariat avec La Fondation de la Maison de la Chimie et Mediachimie
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Le dioxyde de carbone, CO2, est une molécule essentielle à la vie. Sans elle il n’y aurait pas de photosynthèse et la vie sur Terre n’existerait pas. Cependant, cette molécule est fortement responsable de l’effet de serre. C’est pour cela que les scientifiques cherchent à développer des méthodes pour diminuer son émission ou pour la stocker afin de la recycler.

Seconde Physique-Chimie

Objectif : Découvrir les voies de stockage et de recyclage pour répondre aux enjeux environnementaux d’une molécule à effet de serre : le CO2

Constitution et transformation de la matière
Thème 2 - Modélisation des transformations de la matière et transfert d’énergie
Partie B - Transformations chimiques

Notions et contenus : Modélisation macroscopique d’une transformation chimique par une réaction chimique. Écriture symbolique d’une réaction chimique. Stoechiométrie, réactif limitant.

Auteur(s) : David Soissons
Source : Dossier pédagogique réalisé par les Éditions Nathan en partenariat avec La Fondation de la Maison de la Chimie et Mediachimie
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Mots-clés : sucre, saccharose, procédé, industrie sucrière, betterave, sirop, mélasse, recyclage

Le sucre est produit à l’échelle mondiale à partir de canne à sucre (70 à 80 %) ou à partir de betterave à sucre. La France est le premier producteur mondial de sucre de betterave : 46 000 personnes travaillent dans cette filière et la production pour 2017/2018 a été de 6,1 Mt de sucre dont 3,35 Mt exportées [1]. C’est une activité saisonnière car la racine de betterave doit être traitée sitôt l’arrachage réalisé.

 

 

L’obtention du sucre à partir de betteraves a été introduite par Chaptal au début du 19e siècle, suite au blocus imposé par l’Angleterre à la France sous Napoléon 1er. En 1911 un décret impérial ordonnait l’ensemencement de 32 000 hectares de betteraves [2] [3]. Aujourd’hui ce sont 485 000 hectares en France qui fournissent la betterave sucrière [1].

Il ne faut pas confondre le sucre (saccharose) avec les sucres (fructose, glucose..). La racine de la betterave contient 18 à 20 % de saccharose, 77 % d’eau et d’autres composés nommés « non-sucres » (des sucres, du potassium, du sodium, des acides minéraux et organiques et des matières organiques azotées) [4] [8].

Le procédé d’obtention du sucre a évolué afin de répondre aux exigences du développement durable : limiter les rejets, CO2 compris, diminuer la consommation d’énergie et d’eau et favoriser le recyclage.

1- Lavage

Les racines de betteraves, reçues à la sucrerie à l’automne, sont immédiatement traitées par un lavage pour ôter la terre, les feuilles, et les cailloux (réutilisables). L’eau de lavage est majoritairement recyclée dans l’atelier de lavage ou stockée (lagunage) puis utilisée au printemps en irrigation [4] [6] [7].

2- Découpage, extraction du jus brut et obtention des pulpes

On réalise l’extraction par diffusion (extraction par différence de concentration entre l’intérieur des cellules et l’eau d’extraction). Les betteraves sont découpées sous forme de cossettes qui circulent à contre-courant de l’eau. Cette eau est issue en partie du pressage des pulpes (eau de presse) et en partie de condensats provenant de l’évaporation de l’eau du jus de betterave (cf. § 4.Concentration du jus).

Les conditions optimales sont une température comprise entre 70°C et 80°C et un pH de 5,6. Comme le pH de l’intérieur des cellules vaut 6,3 il faut à la fois acidifier la solution mais aussi lui conférer un pouvoir tampon ; on ajoute donc à l’eau d’extraction de l’acide sulfurique et du carbonate de calcium (nommé aussi écumes). On récupère ainsi le jus brut, ou jus vert, contenant le saccharose et, à part, les cossettes traitées, nommées pulpes. Celles-ci sont ensuite pressées pour récupérer l’eau de presse qui sera réinjectée pour l’extraction du jus brut, puis séchées afin d’être valorisées en alimentation animale [4].

3- Épuration du jus

Le jus brut, vert-noir, acide et mousseux contient des impuretés minérales et organiques. L’épuration se fait en 4 étapes : chaulage, carbonatation, décalcification et décoloration [4].

a- Obtention du lait de chaux, réalisée au sein de l’usine en 2 étapes

À partir du calcaire (CaCO3), on obtient de la chaux selon :

CaCO3(s) → CaO(s) + CO2(g)

Cette réaction nécessite un apport de chaleur qui est fourni par la réaction de combustion du coke (C). Le dioxyde de carbone est recyclé dans l’étape de carbonatation (cf. 3.c. Carbonatation).

La chaux vive est ensuite mélangée au petit jus issu du lavage des boues (cf. 3.c. Carbonatation) pour obtenir le lait de chaux selon :

CaO(s) + H2O(l) → Ca(OH)2(aq)

b- Chaulage

En ajoutant le lait de chaux au jus brut, les ions calcium, Ca2+, précipitent les bases conjuguées de différents acides (oxalique, citrique, phosphorique…) et favorisent la coagulation des protéines. Le jus perd alors sa mousse, et la coloration brun-noir s’atténue. Les ions hydroxydes, OH-, précipitent certains cations (aluminium, fer ou magnésium), réagissent sur les ions ammonium et les amides pour former de l’ammoniac, décomposent le sucre inverti (mélange de glucose et fructose provenant de la décomposition du saccharose) en divers sels d’acides et saponifient les matières grasses.

c- Carbonatation

La chaux en excès est éliminée, en introduisant le dioxyde de carbone obtenu dans l’étape (a), ce qui fait précipiter le carbonate de calcium selon :

Ca(OH)2(aq) + CO2(g) → CaCO3(s) + H2O(l)

On obtient un jus sucré clair de pH voisin de 11. Les boues de carbonate de calcium ont entrainé les autres précipités et sont légèrement sucrées. Elles sont lavées pour récupérer le petit jus recyclé dans l’étape a. Par ailleurs les écumes (riches en CaCO3), sont vendues pour l’amendement des sols.

d- Décalcification et décoloration

À cette étape du procédé le jus obtenu contient encore des ions calcium. Un passage sur des résines échangeuses d’ions les remplace par des ions sodium, Na+. L’ajout d’une solution d’hydrogénosulfite de sodium (NaHSO3) ou de dioxyde de soufre (SO2) permet une décoloration du jus, par réduction des substances organiques colorantes (caramel…).

4- Concentration du jus

La concentration du jus se fait par évaporation de l’eau (environ 80 % en masse du jus). L’optimisation des procédés d’évaporation limite au maximum les coûts énergétiques [5]. On obtient un sirop contenant environ 70 % de matières sèches dissoutes (nommées « Brix») dont le saccharose représente environ 92 % (on parle de taux de pureté du Brix) [6]. La concentration est proche de la limite de solubilité du saccharose.

5- Cristallisation du sucre à partir du sirop

Après trois étapes de cristallisation, appelées jets, (succession de cuisson, malaxage et essorage), on obtient du saccharose pur et l’on récupère une liqueur enrichie en « non sucre » et impuretés nommée mélasse. Celle-ci a un Brix de l’ordre de 80 % qui contient encore 62 % de saccharose [5]. À partir du sirop le rendement massique est de 85 % en saccharose et 15 % en mélasse.

En résumé, le sucre (100 % de saccharose) est un produit biosourcé, issu du végétal et renouvelable, qui nécessite de nombreuses étapes pour son extraction de la betterave à sa purification. Le procédé génère divers produits secondaires qui sont valorisés : cailloux pour chaussées, pulpes pour l’alimentation animale, écumes pour amendement des sols, eau de lavage des betteraves pour épandage [8].

Afin de limiter les coûts et l’impact environnemental, l’eau utilisée est principalement celle issue de la betterave elle-même et de nombreux recyclages sont mis en œuvre pour en limiter la consommation [9].

© Cozine / Adobe Stock
Sucre © Cozine / Adobe Stock

 

Pour approfondir et illustrer ce sujet :

[1] Sucre, produits sucrés : Chiffres-clés de consommation 2018-2019 sur le site lesucre.com
[2] L’approvisionnement en sucre sous le Bloc continental de Denis Brançon et Claude Viel, L'Actualité Chimique n° 205 (Juillet 1997) p. 34-38
[3] Le sucre de betterave et l'essor de son industrie : Des premiers travaux jusqu'à la fin de la guerre de 1914-1918 de Denis Brançon et Claude Viel, Revue d’histoire de la pharmacie n°322 (1999) pp. 235-246
[4] Procédés de transformation en sucrerie (partie I) de Martine Decloux Techniques de l’Ingénieur F 6150 (2002)
[5] Procédés de transformation en sucrerie (partie II) de Martine Decloux Techniques de l’Ingénieur F 6151 (2003)
[6] vidéo le sucre naturellement : CRDP et CEDUS
[7] vidéo Au cœur d’une sucrerie sur le site lesucre.com
[8] Schémas de la fabrication du sucre de betterave sur le site du Syndicat National de la fabrication du Sucre
[9] Les entrées et sorties d’eau sur le site du Syndicat National de la fabrication du sucre

Auteur(s) : Lydie Amann

Mediachimie | Lubrizol et les sites Seveso

Date de publication : Vendredi 06 Décembre 2019
Rubrique(s) : Éditorial

Deux mois après l’incendie de l’usine Lubrizol nous avons un peu de recul pour revenir sur les risques des usines fabriquant ou stockant des produits chimiques (1). Depuis l’accident ayant frappé une ville du nord de l’Italie, Seveso, consécutive à une fuite de dioxine d’un site industriel voisin, l’Europe a imposé un haut niveau de prévention pour les sites présentant des risques majeurs. Le classement Seveso identifie pour l’environnement les risques suivants :- les effets de surpression (souffle d’une explosion) –les effets thermiques (rayonnement d’un incendie) – les effets toxiques (rejets de polluants) (2).

C’est ainsi qu’en France 1312 installations industrielles sont classées Seveso dont 607 seuil bas et 705 seuil haut dont Lubrizol de Petit-Quevilly. Après la catastrophe AZF à Toulouse qui fut bien plus meurtrière, la loi Bachelot en 2003 a institué en France les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) qui visent à limiter l’urbanisation autour des sites dangereux. Comme hélas les municipalités jusque-là avaient laissé les constructions gagner les terrains proches, plus de 180 PPRT imposent des travaux de protection des habitations voisines.

Dans le cas de Lubrizol, soumis à une surveillance très stricte de la part de la DREAL Normandie comme ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement), de nombreuses visites d’ingénieurs et de cadres pompiers vérifient la conformité et l’application des règles de sécurité (3). Et cependant fin septembre plusieurs milliers de tonnes de produits sont partis en fumée. Quels sont ces produits ? Dans la liste des 10 tonnages les plus importants on relève principalement des alcanes en C15 – C20, des graisses en C20 – C50 issus des distillats du pétrole, des additifs et des sels détergents pour l’essence comportant des dérivés d’amines, des sulfides ou des phosphates. Des lubrifiants (4) comportant des dithiophosphates, des oléfines et des produits insecticides avec des polysulfides. Par combustion ces produits vont émettre principalement CO, CO2 et H2O, mais aussi NO2, NOx et SO2, H2S, P2O5, ZnO et CaO. Mais comme les oxydations sont incomplètes également des suies principalement composées de carbone C qui vont composer ce nuage noir impressionnant de plusieurs kilomètres et se déposer aux alentours.

Les analyses de l’air sur Rouen menées par Atmo Normandie les 27 et 28 septembre sur NO2, SO2, CO, H2S et les PM10, ne montrent pas de valeurs supérieures aux moyennes habituelles dans l’agglomération (5). Des prélèvements sur le site de Lubrizol et les dosages sur le toluène, l’éthylbenzène, H2S et plusieurs COV (composés organiques volatils) donnent des valeurs en µg/m3 inférieures aux valeurs de référence d’exposition aigue sauf pour le benzène très largement au- dessus du seuil de 30µg. Raison pour laquelle il a fallu protéger la trentaine de personnel Lubrizol d’intervention et les pompiers. Depuis les prélèvements et analyses autour du site et sur le trajet du nuage faits par canisters, lingettes et jauges atmosphériques n’ont pas non plus donné des valeurs supérieures au seuil de dangerosité notamment sur les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), COV et dioxine. Les analyses sanguines opérées sur les sauveteurs n’ont rien décelé d’anormal une semaine après leur intervention.

Ces résultats n’empêchent pas une partie des Rouennais qui ont souffert de nausées (*), de problèmes respiratoires (6) et de nombreux maraîchers et agriculteurs qui ont perdu plus de deux semaines de ventes de légumes ou produits laitiers par mesure de précaution de s’élever contre la concentration industrielle de la banlieue ouest de Rouen.

Il n’est pas évident de rendre intelligible pour le grand public les résultats des analyses chimiques, surtout à l’heure où la parole des élus, des hauts fonctionnaires de l’État et des experts est systématiquement dévaluée et mise en cause. Même si les produits de Lubrizol sont indispensables dans de nombreux secteurs en particulier pour le fonctionnement des moteurs et les carburants automobiles où leur pénurie se fait déjà sentir, il n’est pas question pour l’instant d’imaginer une reprise possible d’activité sans que les règles ICPE (installation classée pour la protection de l'environnement) soient à nouveau respectées et que l’autorisation d’exercer soit donnée par le CODERST (conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques) et le Préfet.

Communication difficile en ces circonstances, mais pour nous aussi chimistes, la communication est difficile et souvent insuffisante. Nous ne disons pas assez que l’industrie chimique (7) est indispensable à la fabrication d’objets de tous les jours, médicaments, shampoings, textiles, carburants, automobiles… Nous nous cachons dans l’ombre. Sur l’hexagone 3300 entreprises chimiques sont implantées avec 6000 sites de production dont 400 classés Seveso. C’est l’industrie qui est la plus réglementée. Depuis 2003, 500 millions € ont été investis pour la mise en place des PPRT, 300 millions pour la modernisation des installations et chaque année, 600 millions € (20% des investissements) sont consacrés à la sécurité et l’environnement.

Nous manquons de communicants et de communication pour rappeler que le secteur chimie est indispensable à l’économie avec 220000 salariés (8) qui contribuent au bien-être de nos concitoyens et à la balance commerciale avec plus de 60 milliards d’exportation.

(*) Sur le site il y avait une unité de fabrication de mercaptan à forte odeur écœurante. Le mercaptan est notamment utilisés à quelques ppm dans le gaz de ville pour détecter immédiatement une fuite.

Jean-Claude Bernier
Décembre 2019

Pour en savoir plus sur Mediachimie.org :
(1) Le paradoxe apparent de REACH : contrainte et source d’innovation pour la chimie
(2) La compétitivité plombée par un excès de règlementations ?
(3) Enquête technique après accidents industriels
(4) Les lubrifiants - « un point sur… »
(5) Techniques analytiques et chimie de l’environnement
(6) Pollution : comment améliorer la qualité de l’air dans nos habitations
(7) Pour une industrie chimique propre et durable (Chimie et… junior)
(8) Les chimistes dans : L’industrie chimique

Résultats d’analyses :
Lubrizol: explications par Atmo Normandie
Rouen : le point sur la situation sur le site gouvernement.fr. L’analyse des canisters est disponible ici à la date du 28 septembre 2019.
 

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Mots-clés : nanoparticules, catalyse

La capacité à préparer des nanoparticules d’or a donné un nouvel essor à la catalyse à partir de la fin des années 1980 dans le domaine des hydrogénations et oxydations sélectives.

Accédez au texte original (lien externe)

Auteur(s) : Hazar Guesmi et Catherine Louis
Source : L’Actualité chimique n° 425 (janvier 2018) pp. 17-25
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Avant de faire le quiz, ou en complément du quiz, vous pouvez lire la fiche Chimie et... en fiches : Une chimie de la mer pour l’avenir de la Terre

Mots-clés : climat, océans, courants marins, acidité, dioxyde de carbone
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