Pour oser se faire chimiste, à une époque où on ignorait certaines propriétés explosives ou toxiques des matières manipulées, il fallait avoir le goût du risque, voire se montrer téméraire, intellectuellement et physiquement audacieux. Les risques ont été pour la plupart maîtrisés, l’audace demeure.Autour de chaque savant chimiste, il s’est constitué souvent une légende qui contient des faits exacts noyés parfois dans un amas de fausses anecdotes. L’histoire nous montre qu’ils étaient des hommes de chair qui pensaient et raisonnaient comme nous. Beaucoup ont été des humanistes qui ont inspiré la littérature, qui prenaient le temps de contempler des œuvres d’art et d’aimer la musique, des chimistes passionnés par leur travail de chimistes.À cet égard rien n’est précieux comme les correspondances qu’ils échangeaient et que nous tâcherons autant que possible de rendre accessibles. Certains se sont affrontés comme nos gloires sportives sur des questions de priorité et de notoriété, voire de propriété nationale. Ces épisodes méritent d’être médités.

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Mots-clés : cours publics

Le monde scientifique commémore en 2015 le tricentenaire de la mort de Nicolas Lemery. Né à Rouen, Lemery fit des études d’apothicaire. Il vint ensuite étudier la chimie à Paris au Jardin du Roi chez Christophe Glaser (1629-1672) dont la pratique était celle d’un alchimiste. Décontenancé par ce maître Lemery entreprit de voyager.

Les leçons qu’il donna à Montpellier démontrèrent qu’il possédait des talents de démonstrateur et d’enseignant qu’il confirma ensuite à Paris. Il ouvrit un cours public de chimie rue Galande qui attirait beaucoup de monde et vécu de la vente de ses préparations. Il usait d’un langage sans affectation et exprimait des idées claires, son Cours de chymie fut imprimé en 1675. Ce livre connut de nombreuses rééditions et traductions. En 1683 Lemery, de religion réformée, dut s’exiler en Angleterre. Revenu en France, il se fit médecin, puis, en 1685, la révocation de l’Edit de Nantes le décida à embrasser la religion du Roi. En 1697 il fit paraître une Pharmacopée Universelle et un Traité Universel des Drogues Simples, dont Fontenelle (1657-1757) décrit la nouveauté. En 1699 il succéda à Claude Bourdelin (1621-1699) à l’Académie. En 1707 Lemery publiait un grand Traité de l’Antimoine. « Presque toute l’Europe a appris de lui la chymie […] ».

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Auteur(s) : Bernard de Fontenelle
Source : Éloge de M. Lemery, Éloges des académiciens […] tome 1 (1740) pp. 334-350, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : calcite, carbonate de chaux, spath d’Islande, Haüy

Paul Gaubert (1845-1948) donne quelques propriétés de la calcite. Elle cristallise dans le système rhomboédrique qui a été décrit par René Just Haüy (1743-1822). Elle peut-être colorée si elle contient des impuretés. Lorsqu’elle est pure, elle est transparente et caractérisée par une double réfraction. Les marbres proviennent de la calcite, ce sont des calcaires métamorphiques.

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Auteur(s) : Paul Gaubert
Source : Calcite, Minéralogie (1887) Paris, Deyrolle, pp.131-133, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : noix vomique, fève de Saint-Ignace, strychnine, Caventou, Pelletier, principe actif

Les botanistes pensent que des végétaux d’une même famille possèdent des propriétés pharmacologiques analogues. Ils auraient en commun un même principe actif dont l’intensité dépend de sa quantité dans le végétal. C’est pour le prouver que Joseph Pelletier (1788-1842) et Joseph Bienaimé Caventou (1795-1877) ont étudié des espèces végétales du genre strychnos comme la noix vomique et la fève de Saint-Ignace. Ils se sont procuré des fèves de Saint-Ignace et ont isolé le principe actif puis ils ont analysé la noix vomique ainsi que le bois dit de couleuvre, ils décrivent les différentes étapes de ces analyses. Le produit obtenu a des propriétés alcalines, ils le nomment strychnine.

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Auteur(s) : Joseph Pelletier et Joseph Bienaimé Caventou
Source : Sur un nouvel alcali végétal (la strychnine) trouvé dans la fève de Saint-Ignace, la noix vomique, etc., Journal de pharmacie et des sciences accessoires, Paris, Colas, t.5, n°4 (1819) pp. 145-148, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : chimie organique, hydrocarbures, isomères, caoutchouc, isoprène, Bouchardat, Académie des sciences

En 1892, le prix Jecker, prix de chimie de l’Académie des sciences, est décerné à Gustave Bouchardat (1842-1918). Louis Jecker a fait un legs à l’Académie des sciences en 1851. De nos jours le prix est décerné tous les quatre ans, il récompense de jeunes chercheurs. Gustave Bouchardat a commencé ses travaux en distillant du caoutchouc. Les produits obtenus sont des polymères de l’isoprène (2-méthylbuta-1,3-diène).

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Auteur(s) : Anonyme
Source : Prix Jecker, C.R. Acad. Sci., 115 (1892) pp. 1149-1151, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : acide hyaluronique, Meyer, Palme, acide hyaluronique, hyaluronidase, enzyme, acide mucopolysaccharidique

L’acide hyaluronique est découvert, dans le département d’ophtalmologie de l’Université Columbia à New-York, en 1934, par Karl Meyer (1899-1990) et John Palmer dans l’humeur vitrée de bœuf. On le trouve aussi dans les liquides synoviaux, la peau et le cordon ombilical, par contre, il n’est pas présent dans le sang. C’est un acide mucopolysaccharidique qui réagit avec l’eau pour donner une gelée. Sa teneur dans l’œil dépend de l’espèce considérée. Une enzyme, l’hyaluronidase, permet de le dépolymériser.

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Auteur(s) : Albert Delaunay, Robert Fasquelle et Marcelle Delaunay
Source : Les facteurs de diffusion, l’acide hyaluronique, Rev. Scient., 85e année fascicule 16 (1947) p. 1007-1016, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : matières colorantes, Schützenberger, Balard, Dumas, Chatin, Collège de France

Lors de la séance du 28 juin 1897, à l’Académie des Sciences, le président Gaspard Adolphe Chatin (1813-1901) annonce le décès de Paul Schützenberger (1829-1897) et rappelle ses travaux. Il a travaillé à Mulhouse sur les matières colorantes puis il est venu à Paris. Il a enseigné au Collège de France où il a succédé à Antoine-Jérôme Balard (1802-1876). Il était aussi membre de l’Académie de médecine où il a remplacé Jean-Baptiste Dumas (1800-1884).

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Auteur(s) : Gaspard Adolphe Chatin
Source : Mémoires et communications, C. R. Acad. Sci., 124 (1897) pp. 1487-1488, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : cuivre, zinc, traitement thermique, déformation, traction, compression, Charpy, Moissan

C’est Henri Moissan (1852-1907) qui présente le travail de Georges Charpy (1865-1945). Ce dernier a réalisé de très nombreuses expériences sur les alliages de cuivre et de zinc. Il a modifié la composition de l’alliage et, pour une même composition, ce sont les traitements thermiques qui ont été différents. Puis il a mesuré l’allongement ainsi que la résistance à la rupture par traction.

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Auteur(s) : Georges Charpy
Source : Sur les propriétés mécaniques des alliages de cuivre et de zinc, C. R. Acad. Sci., 121 (1895) pp. 494-496, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : sels ammoniacaux, lait de chaux, ammoniac, vide, dessicateur, Schloesing

R. Moog reprend la méthode de Jean-Jacques Schloesing (1824-1919) pour doser l’ammoniac en la modifiant car le dégagement d’ammoniac est très lent et il faut trois jours pour obtenir un résultat complet. Il opère dans le vide et obtient un résultat pour le dosage de l’ammoniac en douze heures. Il décrit l’expérience réalisée ainsi que les précautions opératoires à prendre. Enfin, il donne les résultats obtenus et conclut en validant ses hypothèses.

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Auteur(s) : R. Moog
Source : Le dosage de l’ammoniac par la méthode de Schloesing, C. R. Soc. Biologie et de ses filiales, A74, vol.86, T1(1922) pp. 709-711, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : diabète, pancréas, insuline, glycolyse, Banting, Mering, Minkowski, prix La Caze, prix Nobel

À l’Académie des Sciences, à la séance du 22 décembre 1924, Emmanuel Hédon (1863-1933), professeur de physiologie à la faculté des sciences de Montpellier, est proposé pour recevoir le prix La Caze en physiologie. Louis La Caze (1798-1869) a fait un legs à l’Académie des Sciences afin que des prix récompensent des travaux réalisés en physiologie, en physique et en chimie.

Lorsqu’Hédon a connaissance des travaux de Joseph von Mering (1849-1908) et d’Oskar Minkowski (1858-1931) sur le diabète pancréatique, il met en évidence les conditions de ce diabète. En 1921, Frederick Banting (1891-1941) découvre l’insuline et reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1923. Cette découverte confirme les résultats de Hédon. Il montre qu’un chien peut vivre grâce à des injections d’insuline même s’il a subi l’ablation totale du pancréas.

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Source : Prix La Caze, C. R. Acad. Sci., 179 (1924) pp. 1521-1522, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : phosgène, dichlore, dibrome, acide cyanhydrique, sulfure d’éthyle dichloré, armes chimiques, gaz de combat

Le 22 avril 1915 un épais nuage de chlore se répandait sur les lignes françaises au mépris de la Convention de la Haye du 29 juillet 1899 par laquelle les nations européennes s’interdisaient de répandre des gaz asphyxiants ou délétères contre leurs adversaires en cas de conflit armé. Dans cette conférence prononcée en 1920, Cornubert fait un exposé technique des gaz de combat utilisés par les Allemands et par les Français pendant la première guerre mondiale et des moyens industriels développés pour en disposer. Il décrit les protections et appareils inventés ou adoptés par les chimistes français pour prévenir leurs effets.

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Auteur(s) : Raymond Cornubert (1889-1984)
Source : La Guerre des gaz. Généralités. - L’œuvre française, Revue générale des sciences pures et appliquées, 31 (1920) pp.45-56, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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