Pour oser se faire chimiste, à une époque où on ignorait certaines propriétés explosives ou toxiques des matières manipulées, il fallait avoir le goût du risque, voire se montrer téméraire, intellectuellement et physiquement audacieux. Les risques ont été pour la plupart maîtrisés, l’audace demeure.Autour de chaque savant chimiste, il s’est constitué souvent une légende qui contient des faits exacts noyés parfois dans un amas de fausses anecdotes. L’histoire nous montre qu’ils étaient des hommes de chair qui pensaient et raisonnaient comme nous. Beaucoup ont été des humanistes qui ont inspiré la littérature, qui prenaient le temps de contempler des œuvres d’art et d’aimer la musique, des chimistes passionnés par leur travail de chimistes.À cet égard rien n’est précieux comme les correspondances qu’ils échangeaient et que nous tâcherons autant que possible de rendre accessibles. Certains se sont affrontés comme nos gloires sportives sur des questions de priorité et de notoriété, voire de propriété nationale. Ces épisodes méritent d’être médités.
Formé à l’école de Nicolas Vauquelin (1763-1829), comme Eugène Chevreul (1786-1889), Robiquet (1780-1840), pharmacien chimiste, acteur industriel et universitaire, a été un remarquable analyste auquel sont dues la découverte et l’identification de nombreuses espèces chimiques, d’intérêt pharmacologique comme la cantharidine (1805), les matières colorantes comme l’alizarine (1826) et l’orcine. En 1820, il isolait la caféine en même temps que Friedlieb Ferdinand Runge (1795-1867).
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Source : Revue d'histoire de la pharmacie, 87e année, n° 321 (1999) pp. 97-110
Dmitri Ivanovich Mendeleïev était né à Tobolsk dans un milieu modeste mais instruit, indépendant et libéral. Au cours de ses études supérieures à Pétersbourg, il présente un travail documentaire sur l’isomorphisme. Souffrant d’hémoptysies, il obtient d’enseigner aux lycées de Simféropol et d’Odessa ; il soutient une thèse sur les volumes spécifiques.
En 1859 il fait un stage à Heidelberg près de Robert Wilhelm Bunsen (1811-1899). En 1860 il participe au Congrès de chimie de Karlsruhe. En 1861 il écrit un Manuel de chimie organique dans lequel il développe les théories de Gerhardt.
De 1870 à 1871, il écrit ses Principes de chimie, puis son Système naturel des éléments. Il y propose un classement périodique logique des corps purs simples qui connaît une portée considérable due à sa valeur prédictive. Si la découverte des transmutations spontanées bouscule un moment la conception d’éléments assignés à une place fixe, la classification de Mendeléïev ne sera pas remise en question.
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Source : L’Actualité chimique n°27 (décembre 1975) pp. 30-32
Le 26 juin 1886, Henri Moissan réussissait à isoler le fluor, par électrolyse à –50 °C du fluorure d’hydrogène liquide rendu conducteur par l’addition d’une petite quantité de fluorure acide de potassium (KF-HF). Avec ses collaborateurs il en étudia les propriétés. Ce succès et la mise au point du four électrique qui porte son nom lui valurent de se voir attribuer le premier prix Nobel français de chimie en 1906.
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Source : « Aspects historiques de l’isolement du fluor. Les travaux d’Henri Moissan et de ses collaborateurs directs jusqu’au début du XXe siècle, L’Actualité chimique n°301-302 (octobre-novembre 2006) pp. 8-14
Les publications d’Henri Moissan au sujet du bore s’étendent sur la décennie 1891-1900. La pureté du bore obtenu grâce au four Moissan, passée de 72 à 95 %, ont permis l’étude et l’usage de ce réducteur puissant de dureté exceptionnelle. Ces travaux ouvraient le champ d’une chimie des hautes températures.
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Source : L’Actualité chimique n°301-302 (octobre-novembre 2006) pp. 16-18
Né le 21 août 1816 à Strasbourg, Charles Gerhardt (1816-1856) y est décédé d’une péritonite le 19 août 1856. Il y est inhumé au cimetière Sainte-Hélène. La reconnaissance des chimistes envers ce jeune savant initiateur de la notation atomique et l’un des fondateurs, avec Auguste Laurent (1807-1853), de la chimie organique, s’est manifestée à chaque anniversaire par la pose de médaillons et de plaques jusqu’à la célébration de 2006. L’auteur nous invite à parcourir ces lieux de mémoire.
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Source : Revue d'histoire de la pharmacie, 94e année, n° 354 (2007) pp. 183-188
L’auteur rapporte l’activité professionnelle de Charles Gerhardt (1816-1856) nommé professeur à la faculté des sciences de Montpellier, d’après sa correspondance : traducteur, expert judiciaire, chercheur génial, prolifique, parfois imprudent, et obstiné.
Gerhardt y publie un journal scientifique. C’est à Montpellier aussi qu’il fonde une famille.
Affronté aux conditions de travail de la province, éloigné de son Alsace natale et de Paris, il fait part de son désenchantement, nourrit sa querelle avec Liebig, se montre impatient et indépendant, et même injuste dans ses jugements.
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Source : Charles Frédéric Gerhardt à Montpellier de 1841 à 1848, Revue d'histoire de la pharmacie, 94e année, n° 354 (2007) pp. 197-208
La plante est décrite et dessinée. Nicolas Guibourt (1790-1867) précise qu’il existe trois sortes de vanille dont deux seulement sont de bonne qualité. Théodore Nicolas Gobley (1811-1876) a déterminé les propriétés chimiques de la vanilline. Des essais de culture sous serres sont effectués à Liège et à Paris.
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Source : « Vanille », in Histoire naturelle des drogues simples, Ed. Baillière, Paris, 1869-1870, tome 2, pp. 233-236, disponible sur le site gallica.bnf.fr
L’origine géographique de la vanille est précisée. Puis Achille Herlant (1850-1927) décrit la plante. Les caractères du fruit appelé improprement gousse de vanille sont indiqués. Théodore Nicolas Gobley (1811-1876), en 1858, a mis en évidence la vanilline ; il y en a de 1,5 à 5 % dans la vanille. La vanilline a été synthétisée en 1874 à partir de la coniférine.
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Source : « Espèces médicinales en Belgique. Vanilla Planifolia Andrew » in Étude descriptive des médicaments naturels d’origine végétale, Ed. Lamertin, Bruxelles, 1892, pp 646-648, disponible sur le site gallica.bnf.fr
La note de G. Witz et de Floris Osmond (1849-1912) est présentée par Charles Friedel (1832-1899). Des scories sont recueillies dans les aciéries du Creusot où le procédé mis au point par Henry Bessemer (1813-1898) est utilisé. Elles sont riches en vanadium et sont traitées afin d’obtenir des phosphates hypovanadiques (vanadium (III)) et du métavanadate (vanadium (V)) d’ammonium.
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Source : Introduction dans l’industrie du vanadium extrait des scories basiques du Creusot, C. R. Acad. Sci., 95 (1882) pp. 42-44, disponible sur le site gallica.bnf.fr
Eugène Demarçay (1852-1903) travaille sur les cendres de bois de différents arbres. Il décrit les expériences mises en œuvre et observe la solution obtenue au spectroscope. Il identifie le molybdène, le chrome et le vanadium. Il pense que ces résultats doivent être comparables aux cendres de différents animaux.
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Source : Sur la présence dans les végétaux du vanadium, du molybdène et du chrome, C. R. Acad. Sci., 130 (1900) pp. 91-92, disponible sur le site gallica.bnf.fr