Les représentations de la matière animée et inanimée, que les chimistes ont successivement élaborées, les concepts dont ils se sont servis pour en parler, ainsi que les lois qui ont permis de repérer, de comprendre et d’agir sur les facteurs d’orientation, de déclenchement et de conduite des transformations chimiques, sont au cœur de notre science.L’enseignement a contribué à sélectionner des informations. Les enseignants retiennent ou proposent des classements et hasardent des généralisations qui influent sur la recherche en lui fixant des orientations, un langage, parfois des fils conducteurs. Ce fut le cas de la réception du traité élémentaire de Lavoisier ou du concept de série homologue en chimie organique introduit par Charles Gerhardt.
Paul Sabatier (1854-1941), né à Carcassonne, est reçu à la fois à l’École polytechnique et à l’École normale supérieure qu’il choisit. Il est reçu premier à l’agrégation de sciences physiques en 1877. Après une thèse sur les sulfures, il obtient, en 1882, un poste en physique à Toulouse et en 1884, il est nommé titulaire de la chaire de chimie générale. Il développe au sein de l’Université, au début du XXe siècle, divers instituts en chimie, électrotechnique et mécanique appliquée, agriculture. Il soutient la théorie atomique ainsi que la classification périodique de Dmitri Mendeleïev (1834-1907). Il a poursuivi pendant de longues années des recherches sur la chimie du soufre. Il va ensuite, avec Jean-Baptiste Senderens (1856-1937), mettre au point une nouvelle méthode d’hydrogénation des composés insaturés comme l’éthylène et l’acétylène en utilisant du nickel comme catalyseur. En 1901, c’est le benzène qui est hydrogéné en cyclohexane. La collaboration entre les deux chimistes cesse en 1907. Paul Sabatier reçoit le prix Nobel de chimie en 1912 qu’il partage avec Victor Grignard (1871-1935). Il précise alors sa théorie de la catalyse. De nombreuses applications des travaux sur la catalyse ont été réalisées. Paul Sabatier possédait d’autres dons : pianiste et aquarelliste. Il meurt à Toulouse le 14 août 1941.
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Source : L’Actualité chimique n°367-368 (octobre-novembre 2012) pp. 8-18
Charles Adolphe Wurtz (1817-1884) arrive à Paris en 1844 et devient préparateur de Jean-Baptiste Dumas (1800-1884). Il sera professeur à la faculté de médecine puis à la faculté de sciences. Il soutient la notation atomique et les idées de Charles Gerhardt (1816-1856). Il n’aura de cesse de prouver par ses travaux la justesse de la théorie atomique. Ses découvertes en chimie organique sont nombreuses : les ammoniums, le butanol, les glycols, l’acide glycolique. Il a aussi rédigé un dictionnaire de chimie pure et appliqué.
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Source : Wurtz (1817-1884), L’Actualité chimique n°18 (janvier 1975) pp. 31-32
Alfred Ditte (1843-1908) retrace la vie d’Henri Sainte-Claire Deville (1818-1881) qui fut son maître et dont il fut un collaborateur. Il rappelle les premières recherches sur les eaux du Doubs puis la découverte de l’aluminium en 1854 ainsi que son application industrielle. Un autre travail qu’il a réalisé avec Henri Debray (1827-1888) porte sur la métallurgie du platine et des métaux qui l’accompagnent, ce travail a servi à la réalisation du prototype du mètre et du kilogramme en platine iridié. Au niveau théorique, Henri Sainte-Claire Deville rejette l’atomisme et privilégie l’expérience. Alfred Ditte souligne les recherches faites par Henri Sainte-Claire Deville sur les phénomènes de dissociation.
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Source : Henri Sainte-Claire Deville, La revue scientifique, t.4, n°22 (1895) pp. 673-680
Dans cet article, l’auteur présente d’abord la thermodynamique de l’élasticité et montre que l’élasticité du caoutchouc est principalement d’origine entropique. Puis il traite de la théorie statistique élémentaire de l’élasticité du caoutchouc et en conclut que lors d’une élongation, l’entropie diminue et « est responsable de la force de rappel élastique ». Il fait ensuite une étude topologique des réseaux qui le conduit à prendre en compte deux grandeurs : l’élasticité et le gonflement. Pour terminer, il compare le résultat de l’expérience à celui prévu par la théorie.
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Source : Elasticité du caoutchouc, BUP n°639 (1981), p. 321-327
Eugène Varenne précise l’importance du travail de thèse de Charles Adolphe Wurtz (1817-1884) qui l’a conduit aux alcaloïdes. Puis il évoque son dernier travail sur l’aldol. Mais son titre de gloire, c’est d’avoir soutenu puis introduit la théorie atomique dans l’enseignement universitaire. Il poursuit en donnant les titres des ouvrages écrits par Charles Adolphe Wurtz. Enfin, il rappelle que Charles Adolphe Wurtz était membre des Académies de médecine et des sciences. En tant qu’élève de Charles Adolphe Wurtz, il souligne ses qualités humaines et son intérêt pour les jeunes chimistes.
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Source : Nécrologie : Adolphe Wurtz, Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, n°4, t.5 (1884) pp. 60-61
Les Olmèques (3000 av. J-C), au Mexique, connaissaient le caoutchouc, ils utilisaient le latex produit par l’hévéa. L’auteur détaille l’histoire des conquistadors et du latex. C’est en 1737 que Charles Marie de la Condamine (1701-1774) redécouvre cette matière lors d’une mission, en Amérique du sud, elle lui sert entre autre à imperméabiliser. L’Europe commence à s’intéresser au caoutchouc. En 1826, Michael Faraday (1791-1867) propose une formule pour le caoutchouc, l’analyse en 1879 de Gustave Bouchardat (1842-1918) conduit à l’isoprène. Le latex coagule spontanément à l’air et se durcit. C’est Charles Goodyear (1800-1860), aux États-Unis, en 1840 qui découvre le mécanisme de la vulcanisation par hasard et qui résout ainsi le problème posé par le latex. John Boyd Dunlop (1840-1921) invente le pneumatique en 1888. André Michelin (1853-1931) et Édouard Michelin (1859-1940) déposent des brevets pour des pneumatiques démontables pour bicyclette en 1891. Ils appliquent cette technique aux voitures qu’ils équipent de pneumatiques démontables.
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Source : Le caoutchouc : une très longue histoire avant de chausser nos automobiles dès la fin du XIXe siècle, BUP n°863 (2004), p. 489-518
L’azoture de sodium préparé dans l’industrie est un composé ionique qui se décompose à une température supérieure à 275 °C sous la pression normale. Cette réaction connue dès les années 1930 a trouvé une application importante pour la sécurité routière : l’airbag. Dans l’airbag, l’azoture de sodium est décomposé thermiquement. Un circuit électrique est fermé lors d’un choc et provoque une étincelle qui enflamme un mélange de nitrate de sodium et de bore, la chaleur engendrée permet la décomposition de l’azoture de sodium en moins de 40 ms. Il se forme du sodium qui doit être éliminé dans l’airbag. Un autre problème de sécurité est soulevé, celui des voitures dont l’airbag n’a pas été utilisé et qui ne servent plus car l’azoture de sodium est toxique. L’auteur précise que les azotures de métaux lourds sont beaucoup plus dangereux car leur décomposition est exothermique et explosive.
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Source : BUP n°769 (1994) , p. 1789-1794
L’auteur conteste, avec des exemples, l’idée, qu’avant 1855, tous les chimistes aient cru en l’existence d’une force spéciale qui aurait présidé à l’élaboration des composés organiques, légende amorcée par Marcellin Berthelot, pour faire valoir ses propres travaux et entretenue par les auteurs de manuels qui l’ont suivi, que ceux-ci aient manqué de culture ou d’intérêt pour l’histoire de la chimie, ou qu’ils aient voulu ménager Berthelot « ministre tout-puissant » et « laïque militant ».
Dans une seconde partie, examinant les écrits de Berzelius (1779-1848), Liebig (1803-1873), Gerhardt (1816-1856), etc., Jacques montre comment les préjugés les plus ancrés ont reculé dès l’abandon de la théorie du phlogistique. Le comble est qu’après avoir encensé le rôle de la synthèse organique contre les théories obscurantistes Berthelot ait retardé son développement en France par son opposition obstiné à la théorie atomique.
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Source : Le vitalisme et la chimie organique pendant la première moitié du XIXe siècle, Revue d’histoire des sciences et de leurs applications, 3(1) (1950) pp. 32-66
L’auteur situe Antoine Baumé (1728-1804), chimiste apothicaire, manipulateur de talent, dans les grands courants scientifiques de son époque et expose les arguments qu’il a développés en faveur de la théorie du phlogistique. Baumé a défini une échelle universelle pour l’aréomètre inventé par Réaumur. Il a contribué à la naissance d’une industrie chimique avec des ateliers de fabrication de produits (chlorure d’ammonium…) pour lesquels il met au point des procédés. Ses ouvrages ont connu un énorme succès.
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Source : Antoine Baumé : l’œuvre scientifique, Revue d’histoire de la pharmacie, 67e année, n° 240 (1979) pp. 23-32
Successeur de Jean-Baptiste Dumas (1800-1884) comme professeur à l’École centrale, et de Chevreul (1786-1889) comme examinateur de sortie à l’École polytechnique, Cahours a entretenu de fructueuses collaborations avec des chimistes français et étrangers. Ses recherches sur les densités de vapeur et sur les radicaux (aujourd’hui dénommés groupes) ont apporté des arguments décisifs pour l’adoption de la loi d’Avogadro et l’élaboration des théories de la valence.
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Source : Revue d’histoire de la pharmacie, 94e année, n° 352 (2006) pp. 329-340