Les représentations de la matière animée et inanimée, que les chimistes ont successivement élaborées, les concepts dont ils se sont servis pour en parler, ainsi que les lois qui ont permis de repérer, de comprendre et d’agir sur les facteurs d’orientation, de déclenchement et de conduite des transformations chimiques, sont au cœur de notre science.L’enseignement a contribué à sélectionner des informations. Les enseignants retiennent ou proposent des classements et hasardent des généralisations qui influent sur la recherche en lui fixant des orientations, un langage, parfois des fils conducteurs. Ce fut le cas de la réception du traité élémentaire de Lavoisier ou du concept de série homologue en chimie organique introduit par Charles Gerhardt.
C’est grâce à la radioactivité artificielle que la méthode de datation par le carbone 14 a été mise au point. Après la seconde guerre mondiale, à Chicago, Willard Frank Libby (1908-1980) et Ernest Anderson et Hessel de Vries (1916-1959) à Groningue réalisent des appareils de mesure très sensibles permettant de mesurer la radioactivité naturelle du carbone 14. Le principe de la méthode est exposé et les domaines d’application cités. Il existe différents procédés de mesure. Dans tous les cas, la datation demande trois étapes : le taux de radioactivité de l’appareil, celui d’un échantillon standard puis celui de l’échantillon à dater. L’article se termine par des exemples concrets dans des domaines différents. La conclusion insiste sur cette « belle application de la radioactivité ».
Ressource proposée par CM *
Source : Une application originale de la radioactivité : la méthode de datation par le radiocarbone, BUP n°665 (1984), p. 1191-1200
En 1722, René-Antoine Ferchault Réaumur (1683-1757) publie un traité dans lequel il expose ses recherches sur le fer, l’acier et la fonte. Torbern Olof Bergman (1735-1784) fait agir des acides sur l’acier et la fonte et il obtient de la plombagine (carbure de fer), son explication est fausse car il utilise la théorie du phlogistique. Cette théorie concerne la combustion, lors d’une combustion, la matière perd une substance impondérable, incolore et inodore, le phlogiston.
Ce sont les travaux d’Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794) sur les combustions qui ont rendu caduque cette théorie, c’est l’oxygène de l’air qui intervient dans une combustion. Claude Louis Berthollet (1748-1822), Gaspard Monge (1746-1818) et Alexandre-Théophile Vandermonde (1735-1796) refont les expériences de Bergman, ils prouvent que la plombagine est une combinaison de fer et de carbone, qu’elle brûle en donnant de l’acide carbonique (dioxyde de carbone) et un résidu incombustible. Ils indiquent que dans l’acier et la fonte, le carbone n’est pas également réparti et que ce ne sont pas des substances homogènes. Au XIXe siècle, d’autres chimistes poursuivront les travaux.
Ressource proposée par CM *
Source : Berthollet cherche la composition de l’acier, Revue d'histoire de la pharmacie, 48e année, n° 167 (1960) pp. 436-440
L’auteur rapporte l’activité professionnelle de Charles Gerhardt (1816-1856) nommé professeur à la faculté des sciences de Montpellier, d’après sa correspondance : traducteur, expert judiciaire, chercheur génial, prolifique, parfois imprudent, et obstiné.
Gerhardt y publie un journal scientifique. C’est à Montpellier aussi qu’il fonde une famille.
Affronté aux conditions de travail de la province, éloigné de son Alsace natale et de Paris, il fait part de son désenchantement, nourrit sa querelle avec Liebig, se montre impatient et indépendant, et même injuste dans ses jugements.
Ressource proposée par JF *
Source : Charles Frédéric Gerhardt à Montpellier de 1841 à 1848, Revue d'histoire de la pharmacie, 94e année, n° 354 (2007) pp. 197-208
L’auteur relève les contributions de Charles Gerhardt (1816-1856) à la chimie sous forme de manuels d’enseignement, traductions de Liebig et Berzelius, trois manuels de chimie expérimentale, trois ouvrages de chimie organique théorique, sans compter environ 300 articles.
À propos des deux ouvrages analysés ici, elle répond à la question des objectifs de Gerhardt : diffuser librement auprès des « apprenants » ses concepts organisateurs de série homologue et de type et provoquer leur adhésion, ouvrir des perspectives de recherche.
Ressource proposée par JF *
Source : Le Précis de chimie organique (1844-1846) et le Traité de chimie organique (1853-1856) de Charles Gerhardt, Revue d'histoire de la pharmacie, 94e année, n° 354 (2007) pp. 173-182
Dans une lettre à François Arago (1786-1853), le chimiste allemand naturalisé suisse, Christian Schoenbein (1799-1868), expose ses recherches sur « la nature de l’odeur nommée électrique », la même « qui se dégage quand l’eau est décomposée par un courant voltaïque ».
Il a fait, dit-il, beaucoup d’expériences inutiles. Il conclut néanmoins que « le principe odorant doit être classé au genre de corps auquel appartiennent le chlore et le brome, c’est-à-dire dans les substances élémentaires et hologènes », autrement dit oxydantes et constituées de molécules formées d’atomes du même élément, il ajoute : « je propose de lui donner le nom de ozone ».
Ressource proposée par JF *
Source : C. R. Acad. Sci., 10 (1840) pp. 706-710, disponible sur le site gallica.bnf.fr
Jacques-Louis Soret (1827-1890) rappelle ce que l’on sait à l’époque sur l’ozone.
Il a fait l’hypothèse que la molécule de ce gaz pourrait être formée de trois atomes d’oxygène, une hypothèse qui rend compte :
- 1°) de la diminution de volume de l’oxygène « lorsqu’on en convertit une partie en ozone en l’électrisant » ;
- 2°) de la disparition de l’ozone sans changement de volume « lorsqu’on traite de l’oxygène chargé d’ozone par l’iodure de potassium et d’autres corps oxydables » ;
- 3°) d’une expansion de volume de l’oxygène ozonisé sous l’action de la chaleur « égale au volume qu’occuperait la quantité d’oxygène que le gaz aurait été susceptible d’abandonner à l’iodure de potassium ».
Sa densité théorique devrait être 1 fois ½ celle de l’oxygène. Il a trouvé que les essences de térébenthine et de cannelle absorbent sélectivement l’ozone. Il décrit les dispositifs expérimentaux et les mesures qui lui ont permis de confirmer cette prédiction et son hypothèse.
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Source : Recherches sur la densité de l’ozone, C. R. Acad. Sci., 61 (1865) pp. 941-944, disponible sur le site gallica.bnf.fr
Dans le cadre de sa théorie unitaire qu’il oppose à la théorie dualistique de Berzelius, Charles Gerhardt (1816-1856) cherche à produire des anhydrides de monoacides organiques.
Il prépare le chlorure correspondant par la méthode d’Auguste Cahours (1813-1891) avec le pentachlorure de phosphore, ou par l’oxychlorure de phosphore, et le fait réagir sur le sel de sodium de l’acide.
Avec le salicylate de sodium et le chlorure d’acétyle il obtient (p. 326) l’acétylsalicylate (qui deviendra l’aspirine) dont il ne reconnaît pas la formule exacte croyant avoir préparé l’anhydride mixte de l’acide salicylique et de l’acide acétique.
Ressource proposée par JF *
Source : Annales de chimie et de physique, 3e série, 37 (1853) pp. 285-342, disponible sur le site gallica.bnf.fr
Source : Contribution historique de deux manuels d’enseignement à la construction de la science chimique, L’Actualité chimique n°237 (décembre 2000) pp. 33-39
Cet article recense ses publications historiennes et ses jugements sur les avancées théoriques et l’importance des inventions instrumentales dues aux hommes du XVIIe siècle.
Source : Revue d'histoire de la pharmacie, 90e année, n° 333 (2002) pp. 31-52
Source : Louis-Joseph Proust (1754-1826) était-il pharmacien ?, Revue d'histoire de la pharmacie, 87e année, n° 321 (1999) pp. 77-96