Les représentations de la matière animée et inanimée, que les chimistes ont successivement élaborées, les concepts dont ils se sont servis pour en parler, ainsi que les lois qui ont permis de repérer, de comprendre et d’agir sur les facteurs d’orientation, de déclenchement et de conduite des transformations chimiques, sont au cœur de notre science.L’enseignement a contribué à sélectionner des informations. Les enseignants retiennent ou proposent des classements et hasardent des généralisations qui influent sur la recherche en lui fixant des orientations, un langage, parfois des fils conducteurs. Ce fut le cas de la réception du traité élémentaire de Lavoisier ou du concept de série homologue en chimie organique introduit par Charles Gerhardt.

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Mots-clés : Béhal, chimie organique, nomenclature, théorie atomique, mécanismes réactionnels, rétrosynthèse

Professeur à la faculté de pharmacie de Paris, Béhal a été comblé de distinctions honorifiques tardivement. Il laisse le souvenir d’un excellent professeur de chimie organique qui a influencé plusieurs générations d‘étudiants. Convaincu et convaincant, il impose la théorie atomique. On peut reconnaître dans ses écrits les prémisses des grandes avancées de la chimie organique du XXe siècle.

Ressource proposée par JF *

Auteur(s) : Loïc Leclercq
Source : Revue d’histoire de la pharmacie, 94e année, n° 355 (2007) pp. 329-340
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Mots-clés : protoxyde d’azote, bioxyde d’azote, anhydride azotique, acide azotique, Priestley, Davy, Berthollet, notation atomique, équivalent

L’intérêt de cet article est que l’auteur utilise à la fois les équivalents et la notation atomique. Il rappelle que l’azote forme avec l’oxygène cinq oxydes, puis il les présente.

Le protoxyde d’azote découvert par Joseph Priestley (1733-1804) en 1772 est étudié par Claude Louis Berthollet (1748-1822) et par Sir Humphry Davy (1778-1829). Etienne Hales (1677-1761) a découvert le bioxyde d’azote, Priestley l’étudie, Louis Joseph Gay-Lussac (1778-1850) et Louis Jacques Thenard (1777-1857) l’analysent. L’anhydride azotique est découvert par Henri Sainte-Claire Deville (1818-1881) et l’acide azotique est étudié par Henry Cavendish (1731-1810) en 1784. L’auteur présente les différentes préparations ainsi que les propriétés physiques et les propriétés chimiques.

Ressource proposée par CM *

Auteur(s) : Abbé M. Cottereau
Source : Combinaisons d’azote et d’oxygène, Notions de chimie : avec applications aux usages de la vie, Angers, Germain et G. Grassin (1896) pp. 85-99, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : fermentations, enzyme, zymase, Béchamp, Pasteur, Berthelot, Claude Bernard, Eduard Buchner

En 1878 une controverse violente opposait Louis Pasteur (1822-1895), qui se trompait, à Marcellin Berthelot (1827-1907) qui s’appuyait sur des expériences inédites de Claude Bernard (1813-1878). Trente ans auparavant Antoine Béchamp (1816-1908), professeur à Montpellier, appelait zymases ou ferments solubles les substances douées d’activité fermentaire que nous appelons enzymes. Il clarifiait l’idée que ce sont des agents chimiques produits par des êtres vivants qui n’agissent pas autrement que tous les réactifs chimiques. C’est cependant à Eduard Buchner (1860-1917) que fut attribué en 1907 le prix Nobel de chimie pour sa découverte en 1897 de la zymase qui catalyse la transformation du sucre en alcool.

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Auteur(s) : Philippe Decourt
Source : Les zymases ou ferments solubles de Béchamp à la lumière des connaissances du XXe siècle, Histoire des sciences médicales 18 (1984) pp. 147-151
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Mots-clés : azoïques, synthèse organique, colorants, teinture, diazotation, valence, aromaticité

Cette thèse est une somme sur ce que l’on connaissait des colorants azoïques et de leurs emplois industriels en 1889. Après la découverte par Peter Griess (1829-1888) d’une méthode générale raisonnée de diazotation (1858), le nombre de ces produits intéressant la teinture s’est accru considérablement. Dès lors le développement de la synthèse chimique interagit avec l’élaboration des procédés, de la notation atomique et des concepts de la chimie aromatique (constitution, valence, aromaticité), de l’écriture des formules chimiques et de la nomenclature. On sera frappé par la modernité de cet exposé qui intègre les avancées de toute l’Europe.

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Auteur(s) : Auguste Béhal (1859-1941)
Source : Thèse d'agrégation de pharmacie (1889) éd. G. Carré, Paris, 178 pages
 
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Mots-clés : théorie unitaire, Charles Gerhardt (1816-1856), Honoré de Balzac (1799-1850)

Outre ses travaux de chimiste, Édouard Grimaux (1835-1900) a laissé une œuvre d’historien dont une biographie de Lavoisier. Il commente ici une page de Balzac dans la Recherche de l’absolu. Il nous fait découvrir le romancier préoccupé de philosophie scientifique et instruit en histoire de la chimie. Il rapproche les idées du romancier de la théorie unitaire de Charles Gerhardt.

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Auteur(s) : Édouard Grimaux
Source : La Chronique médicale, 9 (1902) pp. 764-769
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Mots-clés : atome, molécule, théorie atomique

Marc Antoine Gaudin (1804-1880), employé au Bureau des Longitudes à Paris, a été l’un des premiers à tirer les conséquences de la loi des volumes de Gay-Lussac et de celle d’Avogadro-Ampère : « Nous établirons donc une distinction bien tranchée entre les mots atome et molécule ». Il représente par des dessins les structures moléculaires biatomique de l’oxygène, du chlore, de l’hydrogène, du gaz chlorhydrique, la structure moléculaire triatomique de l’eau, celle tétraatomique de l’ammoniac. Malheureusement il n’est pas entendu par les savants chimistes et on devra attendre 1860, le Congrès de Carlsruhe, pour que les chimistes européens adoptent la notation atomique.

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Auteur(s) : A.-M. Gaudin
Source : Annales de Chimie et de Physique, t.52 (février 1833) pp. 113-133, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : noix vomique, fève de Saint-Ignace, strychnine, Caventou, Pelletier, principe actif

Les botanistes pensent que des végétaux d’une même famille possèdent des propriétés pharmacologiques analogues. Ils auraient en commun un même principe actif dont l’intensité dépend de sa quantité dans le végétal. C’est pour le prouver que Joseph Pelletier (1788-1842) et Joseph Bienaimé Caventou (1795-1877) ont étudié des espèces végétales du genre strychnos comme la noix vomique et la fève de Saint-Ignace. Ils se sont procuré des fèves de Saint-Ignace et ont isolé le principe actif puis ils ont analysé la noix vomique ainsi que le bois dit de couleuvre, ils décrivent les différentes étapes de ces analyses. Le produit obtenu a des propriétés alcalines, ils le nomment strychnine.

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Auteur(s) : Joseph Pelletier et Joseph Bienaimé Caventou
Source : Sur un nouvel alcali végétal (la strychnine) trouvé dans la fève de Saint-Ignace, la noix vomique, etc., Journal de pharmacie et des sciences accessoires, Paris, Colas, t.5, n°4 (1819) pp. 145-148, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : savon, margarine (acide margarique), corps gras, hydrolyse, saponification, acide, teinture de tournesol

Premier article de Chevreul sur les corps gras : ayant traité un savon par un acide fort, l’auteur isole un corps organique, qui, bien qu’insoluble dans l’eau, a les propriétés d’un acide, chose surprenante pour les connaissances de cette époque. Chevreul vient de démontrer que le savon est un sel alcalin d’acide organique. Il nomme margarine (perle) ce nouvel acide à cause de son aspect nacré. On notera le soin de ses expériences quantitatives et la prudence de ses conclusions. On notera aussi les quantités massives de substance manipulées et le nombre restreint des solvants disponibles.

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Auteur(s) : Eugène Chevreul (1786-1889)
Source : Recherches chimiques Sur plusieurs corps gras, et particulièrement sur leurs combinaisons avec les alcalis ; Sur une substance nouvelle obtenue du savon de graisse de porc et de potasse, Annales de chimie, t. 88, 3e cahier (1813) séance du 31 décembre 1813, pp. 225-261, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : esprit-de-bois, méthanol, fonction alcool, alambic, rectification, distillation, analyse élémentaire, densité de vapeur, isomères, formules, équations de réaction

On pourra, dans ce volumineux mémoire fondateur, se limiter à son introduction et à sa conclusion. Les auteurs exposent comment ils ont reconnu à l’esprit-de-bois, dont ils attribuent la découverte en 1812 à Philips Taylor, l’un des produits hydrosolubles qui se forment par la distillation du bois, tous les caractères d’un véritable alcool. Ils établissent l’analogie de ce produit avec l’alcool ordinaire et définissent avec ces deux termes la première fonction chimique organique. Invoquant l’étymologie grecque, ils nomment méthylène le « radical » du nouvel alcool, que les chimistes ont modifié en méthyle. Outre qu’il s’agit d’un exemple de collaboration entre chercheurs et industriels, on remarquera les énormes quantités sur lesquelles sont conduites les opérations.

Ressource proposée par JF *

Auteur(s) : Jean-Baptiste Dumas (1800-1884) et Eugène Péligot (1811-1890)
Source : Mémoire sur l’Esprit de Bois et sur les divers Composés Ethérés qui en proviennent, Annales de chimie et de physique, 58 (1835) p. 5-74, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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Mots-clés : équivalent chimique, combinaison chimique, Jöns Jacob Berzélius (1779-1848), familles naturelles

Avant l’adoption de la théorie atomique les équivalents étaient les rapports de poids dans lesquels se combinent les corps purs simples. La plupart des déterminations ont été faites par Berzelius et utilisées par lui pour traduire par des formules les résultats d’analyse quantitative des combinaisons. Dans ce Mémoire, ayant constaté qu’en prenant l’équivalent de l’hydrogène pour unité, à l’exception du chlore et du cuivre, les équivalents des autres corps simples sont proches de nombres entiers, Dumas se demande si, selon une hypothèse de William Prout (1785-1850), les divers corps simples ne seraient pas constitués « par la condensation d’une matière unique, telle que l’hydrogène ».

Pour vérifier cette hypothèse il entreprend de réviser, au besoin de rectifier et de compléter le système de Berzelius. L’hypothèse, trop simple, doit être abandonnée, mais ce travail lui permet de classer certains corps simples en familles naturelles : fluor, chlore, brome, iode ; oxygène, soufre, sélénium, tellure ; azote, phosphore, arsenic, antimoine ; etc., bien avant la classification de Mendéléiev (1869) et la connaissance du principe de classement du tableau périodique.

Ressource proposée par JF *

Auteur(s) : Jean-Baptiste Dumas (1800-1884)
Source : Mémoire sur les équivalents des corps simples, Mallet-Bachelier imprimeur-libraire, Paris, 1859, 87 pages, disponible sur le site gallica.bnf.fr
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