En 1832 une épidémie de choléra s’abattait sur Paris, la première d’une série qui a marqué le XIXe siècle. Elle a déclenché l’institution de conseils d’hygiène publique dans de nombreuses villes de France et elle a fait des victimes parmi les savants, parmi lesquels André Laugier (1770-1832), successeur de Fourcroy au Muséum d’histoire naturelle, le botaniste Henri Cassini (1781-1832), le naturaliste Georges Cuvier (1769-1732) et le pharmacien Georges Sérullas (1774-1832). Le volume entier de l’Histoire des sciences médicales dans lequel se trouve cet article est relatif à Louis-René Villermé (1782-1863). Ce chirurgien de la Grande-Armée a laissé un tableau unique du choléra en 1832.
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Source : Louis-René Villermé et le choléra en 1832, Histoire des sciences médicales, 16 (1982) pp. 317-325
En 1878 une controverse violente opposait Louis Pasteur (1822-1895), qui se trompait, à Marcellin Berthelot (1827-1907) qui s’appuyait sur des expériences inédites de Claude Bernard (1813-1878). Trente ans auparavant Antoine Béchamp (1816-1908), professeur à Montpellier, appelait zymases ou ferments solubles les substances douées d’activité fermentaire que nous appelons enzymes. Il clarifiait l’idée que ce sont des agents chimiques produits par des êtres vivants qui n’agissent pas autrement que tous les réactifs chimiques. C’est cependant à Eduard Buchner (1860-1917) que fut attribué en 1907 le prix Nobel de chimie pour sa découverte en 1897 de la zymase qui catalyse la transformation du sucre en alcool.
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Source : Les zymases ou ferments solubles de Béchamp à la lumière des connaissances du XXe siècle, Histoire des sciences médicales 18 (1984) pp. 147-151
C'est à Fourcroy et à Vauquelin, que de nombreux historiens des sciences attribuent la découverte et l'identification, en 1797, de l'urée urinaire. Ils sont en tout cas les auteurs de la dénomination « urée ».
La présence dans l'urine humaine d'un extrait savonneux a été observée depuis le début du XVIIe siècle par un grand nombre de scientifiques, y compris Van Helmont, Boyle, Lémery, Boerhaave, Rouelle, Scheele. En 1797, Fourcroy et Vauquelin ont réobtenu cet extrait sous forme cristallisée. En 1799, ils ont décrit la méthode d’extraction et les propriétés physiologiques de l'urée. En 1817, W. Prout et J.-E. Bérard ont confirmé la définition chimique de l'urée. En 1828, F. Wöhler a effectué la synthèse de l’urée à partir du cyanate de potassium.
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Source : Histoire des sciences médicales, 24 (1990) pp. 121-126
Plusieurs spécialités pharmaceutiques vantent les effets bénéfiques du « silicium organique » sur les affections articulaires. Elève d’Henri Moissan, Paul Lebeau (1868-1959) consacre un chapitre de sa thèse d’agrégation en pharmacie à la préparation de composés organiques du silicium dus à Charles Friedel (1832-1899) et James Crafts (1839-1917).
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Source : Le silicium et ses combinaisons artificielles. Thèse présentée au concours d’agrégation (section de physique, chimie et toxicologie), éditeur Jouve et Boyer, Paris, 1899. Chap. V : composés organiques du silicium, pp. 140-152
Cette thèse est une somme sur ce que l’on connaissait des colorants azoïques et de leurs emplois industriels en 1889. Après la découverte par Peter Griess (1829-1888) d’une méthode générale raisonnée de diazotation (1858), le nombre de ces produits intéressant la teinture s’est accru considérablement. Dès lors le développement de la synthèse chimique interagit avec l’élaboration des procédés, de la notation atomique et des concepts de la chimie aromatique (constitution, valence, aromaticité), de l’écriture des formules chimiques et de la nomenclature. On sera frappé par la modernité de cet exposé qui intègre les avancées de toute l’Europe.
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Source : Thèse d'agrégation de pharmacie (1889) éd. G. Carré, Paris, 178 pages
Outre ses travaux de chimiste, Édouard Grimaux (1835-1900) a laissé une œuvre d’historien dont une biographie de Lavoisier. Il commente ici une page de Balzac dans la Recherche de l’absolu. Il nous fait découvrir le romancier préoccupé de philosophie scientifique et instruit en histoire de la chimie. Il rapproche les idées du romancier de la théorie unitaire de Charles Gerhardt.
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Source : La Chronique médicale, 9 (1902) pp. 764-769
Alfred Naquet, né à Carpentras, dit avoir été fasciné par la chimie, il est l’auteur du premier manuel français de chimie écrit en notation atomique. Devenu médecin dans le laboratoire d’Adolphe Wurtz (1817-1884), il y a fréquenté des chimistes de renom tel Édouard Grimaux (1835-1900) et en rapporte de vivantes anecdotes. Républicain convaincu, il s’engage en politique, fait voter la loi sur le divorce (1884) avant de s’enliser dans l’affaire du canal de Panama.
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Source : La carrière médicale de M. Naquet contée par lui-même, La chronique médicale, 2 (1895) pp. 42-48
Après un bref rappel des travaux antérieurs sur le vinaigre et la « mère de vinaigre », Pasteur explique que les mycodermes responsables de cette mase pourraient ne pas être étrangers à la formation de l’acide acétique.
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Source : C. R. Acad. Sc., 54 (1862) pp.265-270, disponible sur le site gallica.bnf.fr
Les héros de l’histoire s’avisent d’apprendre la chimie. Déconcertés par ce qu’ils lisent, ils expriment un relativisme et un scepticisme croissants. Ce texte soulève avec humour la question d’une langue tellement spécifique qu’elle n’est plus comprise. Il interroge sur la motivation et la méthode d’apprentissage.
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Source : Œuvres complètes de Gustave Flaubert, tome 1, Bouvard et Pécuchet, Louis Conard éd., Paris, chap. 3 (1910) pp. 72-74, disponible sur le site gallica.bnf.fr
Le monde scientifique commémore en 2015 le tricentenaire de la mort de Nicolas Lemery. Né à Rouen, Lemery fit des études d’apothicaire. Il vint ensuite étudier la chimie à Paris au Jardin du Roi chez Christophe Glaser (1629-1672) dont la pratique était celle d’un alchimiste. Décontenancé par ce maître Lemery entreprit de voyager.
Les leçons qu’il donna à Montpellier démontrèrent qu’il possédait des talents de démonstrateur et d’enseignant qu’il confirma ensuite à Paris. Il ouvrit un cours public de chimie rue Galande qui attirait beaucoup de monde et vécu de la vente de ses préparations. Il usait d’un langage sans affectation et exprimait des idées claires, son Cours de chymie fut imprimé en 1675. Ce livre connut de nombreuses rééditions et traductions. En 1683 Lemery, de religion réformée, dut s’exiler en Angleterre. Revenu en France, il se fit médecin, puis, en 1685, la révocation de l’Edit de Nantes le décida à embrasser la religion du Roi. En 1697 il fit paraître une Pharmacopée Universelle et un Traité Universel des Drogues Simples, dont Fontenelle (1657-1757) décrit la nouveauté. En 1699 il succéda à Claude Bourdelin (1621-1699) à l’Académie. En 1707 Lemery publiait un grand Traité de l’Antimoine. « Presque toute l’Europe a appris de lui la chymie […] ».
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Source : Éloge de M. Lemery, Éloges des académiciens […] tome 1 (1740) pp. 334-350, disponible sur le site gallica.bnf.fr